LE GOUVERNEMENT GREC


Déclaration sur le retour des sculptures du Parthénon

Par M. Theodoros Pangalos, ministre grec de la Culture; mai 2000

The Parthenon A l'occasion d'une visite à Londres, à l'invitation du gouvernement britannique pour l'inauguration de la nouvelle Tate Modern Gallery, le ministre grec de la Culture, M. Theodoros Pangalos, a redéfini les objectifs de la Grèce à propos du retour des sculptures du Parthénon. Parlant à Londres aux journalistes grecs, le 13 mai 2000, il a souligné les principes suivant de sa politique:

"La question ne se résume pas à un agenda entre deux gouvernements. Elle concerne deux peuples et leurs parlements respectifs. Le Parlement britannique, qui a confié les sculptures du Parthénon au British Museum, est la seule autorité qui puisse changer cette situation. Le gouvernement britannique, avec sa majorité parlementaire, peut naturellement faire accélérer les choses, mais nous ne pensons pas qu'elles se résument à un problème entre nos deux gouvernements.

Il n'est pas besoin d'avoir des gagnants ou des perdants dans ce vieux problème. Il n'y a d'ailleurs pas de procès contre qui que ce soit, et il n'est pas besoin de décision judiciaire.

Le retour des sculptures du Parthenon est seulement un sujet de coopération entre les peuples grec et britannique, dans le contexte plus large de l'Europe, à laquelle ils appartiennent tous deux.

frieze detail En fait, savoir qui est propriétaire des sculptures n'est ni important, ni relevant; c'est immatériel. Ce qui importe, c'est où elles sont et où elles devraient être. De ce point de vue, je crois que nous avons un très bon dossier, qui se fonde sur la continuité et l'intégrité de ce monument unique qu'est le Parthénon. Ce monument, j'y insiste, n'a pas été construit par Périclès pour être un libre-service de sculptures. Les sculptures du Parthénon ont été conçues et créées comme une partie intégrante du temple. Les en avoir séparées depuis bientôt deux siècles suffit et ne devrait plus être toléré. Le moment est venu de restaurer l'intégrité du monument sur son site original de l'Acropole. Aussi, ce que nous demandons, c'est que les sculptures soient renvoyées pour être installées dans le tout nouveau et moderne Musée de l'Acropole, qui sera prêt pour 2004. L'intégrité du monument sera ainsi restaurée sur le site original, avec les sculptures exposées sur fond de Parthénon et en contact visuel avec le temple. Entretemps, nous continuerons à expliquer notre position et à insister pour un retour des sculptures du Parthénon à ce moment.

Ce retour des sculptures ne nécessite pas, ne doit pas entraîner et ne causera pas une diminution de la présence de la Grèce au British Museum. Au contraire, en fait. D'abord, les technologies modernes permettent de réaliser des copies si parfaites que seule une analyse chimique pointue peut les distinguer des originaux. En outre, il est tout-à-fait possible d'organiser des expositions périodiques d'antiquités grecques de valeur, rares et éblouissantes, par prêts des musées grecs. Le British Museum devrait même voir son prestige et sa renommée grandir dans le monde entier si nos propositions pour un retour négocié des sculptures du Parthénon étaient acceptées.

Ce retour ne doit pas constituer un précédent qui aboutirait à un mouvement général de demandes de restitution de biens culturels par les pays d'origine, privant ainsi les grands musées de pièces de valeur. Je souhaite insister sur le fait que nous réclamons seulement le retour des sculptures enlevées du Parthénon par Lord Elgin et non celui de quelque autre oeuvre que ce soit. Nous voulons uniquement restaurer l'unité d'un monument unique qui est le symbole suprême de l'héritage culturel grec et de la civilisation occidentale."

Ouverture du dialogue anglo-hellénique sur les marbres du Parthénon

Synthèse de "Culture Watch", Bureau de presse, Ambassade de Grèce à Londres
Une discussion à propos des marbres du Parthénon a été organisée par la Commission Culture, Médias & Sports, dans le contexte de ses recherches sur le thème: "Propriété culturelle: retour et commerce illicite", à la Chambre des Communes. Les questions, parfois très dures, étaient posées par les membres de ce comité et les réponses données par M. George Papandreou, ministre grec des Affaires étrangères, et Mme Lena Mendoni, secrétaire générale du Ministère de la Culture, représentant le gouvernement grec. M. Jules Dassin, metteur en scène et président de la Fondation Melina Mercouri a participé à la discussion avec de brèves remarques acides, faisant usage d'une liberté d'expression que lui permettait son absence de statut officiel.

La propriété des marbres n'est pas relevante, mais bien leur localisation.
Comme la partie grecque a présenté son dossier dans un anglais impecable, des observateurs indépendants ont noté un changement d'accent dans son argumentation, et ce sur deux points: 1) Une certaine "dilution" de la question de la propriété et un accentuation de l'approche partenariale; 2) L'engagement formel que le nouveau Musée de l'Acropole, à la pointe des techniques modernes, sera prêt à accueillir les marbres avant les Jeux olympiques de 2004, impliquant que jusque là, la campagne pour le retour des marbres se concentrera sur la question de principes plutôt que sur une réalisation immédiate.

M. Papandreou a centré son argumentation sur la nécessité de réunifier le Parthénon. Il n'a jamais mentionné les droits à l'héritage de Périclès que les Grecs contemporains pourraient revendiquer. Il a été courtois, ferme et imaginatif dans ses propositions. Il a lancé de façon tentante nombre d'idées originales, n'excluant rien et promettant beaucoup. Il a insisté sur les bénéfices d'un dialogue correctement structuré qui conduirait à résoudre tous les problèmes à la satisfaction de chacun.

M. Fearn: Le gouvernement grec fonde-t-il sa requête sur l'affirmation que Lord Elgin aurait enlevé les marbres du Parthénon de façon illicite? M. Papandreou n'était pas ici pour exhumer des événements survenus il y a deux siècles. Il est préférable de laisser à l'histoire le soin des choses passées. Même ce qui est arrivé aux marbres dans les dernières décennies est une matière académique, et non le coeur du dossier qu'il plaide aujourd'hui.

Le président s'est fait plus insistant. Puisque le Comité s'est penché sur les dossiers de commerce illicite d'oeuvres d'art, il est important d'établir si, oui ou non, Lord Elgin a acquis ces trésors illicitement. Le ministre pourrait-il donc éclairer les membres du Comité à ce sujet ? Oui, certes, cette position a fait partie des arguments grecs jusqu'à maintenant. Mais la Grèce n'a pas l'intention de l'introduire en justice. Jules Dassin fut plus explicite: Oui, les titres dont se revendique Lord Elgin sont suspects; mais de l'eau est passée sous les ponts. L'accent se porte aujourd'hui sur la conciliation, et une solution en douceur et en souplesse.

Pas de revendication judiciaire ni de procès. Importance du partenariat
Qui donc sera propriétaire des marbres à l'avenir ? s'inquiètent les membres. M. Papandreou a ébauché plusieurs possibilités. Cela pourrait être une co-propriété de la Grèce et du British Museum, les marbres étant placés sous la garde d'une nouvelle fondation patronnée par l'Unesco. L'Union européenne pourrait s'impliquer dans les conversations entre les parties. Citant l'ancien ministre de la Culture, M. Pangalos (aujourd'hui remplacé par M. Evangelos Venizelos), le ministre des Affaires étrangères a répété que "la question de la propriété est immatérielle et non relevante. La question qui est posée est de savoir où sont les marbres aujourd'hui et où ils devraient être."

M. Fearn souhaitait savoir s'il était dans le bon en pensant qu'il ne devrait jamais y avoir un procès fait par la Grèce pour récupérer les marbres. Oui, c'est correct, fut la réponse, dépourvue de toute ambiguité. La Grande-Bretagne est-elle le seul pays à détenir des fragments du Parthénon ? Non, mais elle détient 98 pc des toutes les pièces qui se trouvent hors de Grèce. La Grèce, a dit le ministre des Affaires étrangères, ne réclame pas d'autres oeuvres, mais cherche simplement à rassembler les parties manquantes d'un monument unique.

Les rassembler où exactement ? veut savoir M. Wyatt. Si elles ne retournent pas sur le Parthénon lui-même, mais seulement au Musée de l'Acropole, comment peut-on parler de 'réintégration' ? Ici la réponse fut plus subtile. M. Papandreou a indiqué que, suite aux dommages structurels causés au Parthénon lors de l'enlèvement des marbres et aux dangers de la pollution contemporaine, il est quasiment impossible de replacer les marbres sur le monument. Cependant, les installer dans le nouveau musée, avec un contact visuel avec le temple, permettra aux érudits de les étudier in situ.

La Grande-Bretagne favorisée pour les expositions d'art grec
Que pourrait faire la Grèce pour faciliter le départ des marbres du British Museum ? C'est vraiment une question importante. La Grande-Bretagne pourrait devenir le seul pays au monde avec une exposition permanente où seraient présentées, par rotation, des oeuvres grecques antiques. Il n'y aurait ainsi pas de salles vides au British Museum. Sur ce point, Jules Dassin a ajouté qu'il existait au British Museum des réserves extraordinairement riches qui pourraient aussi être exposée à l'admiration du monde. Questionné sur le point de savoir si, en disant cela, il voulait faire entendre que la Grèce, en reprenant les marbres, faisait une faveur au British Museum, Jules Dassin a répliqué: "Nous sommes venus avec des sentiments chaleureux et nous sommes vos amis".

M. Papandreou a aussi mentionné la possibilité, pour le British Museum, de faire des marbres des copies rendues possibles par les nouvelles technologies. Il a déclaré sans équivoque que la Grèce les paierait. Répondant à M. Maxton, qui faisait remarquer que cette solution pouvait tout autant être appliquée à l'inverse, le ministre grec a souligné qu'il était bien plus logique que les originaux, et non les copies, soient avec l'original. M. Maxton a admis qu'il ne pouvait répondre à cet argument. L'audition s'est terminée avec la déclaration de M. Papandreou que les marbres avaient un passé mais aussi un futur, et que les Grecs et les Britanniques construire ensemble ce futur.

 
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